Les titres de la presse
27 novembre au 11 décembre 2023
Rédacteurs : Carla Crambert, Emilie Krezdorn, Josué Nuss-Schildknecht, Yaëlle Rouault, Gaspard Vieil, Sephora Zidoud
International
1. Le Niger et la Russie vont renforcer leur coopération militaire
Le putsch militaire de juillet 2023 au Niger présente des similitudes avec ceux ayant précédemment frappé le Mali et le Burkina Faso en ce qu’ils ouvrent la voie à la Russie et, plus particulièrement au groupe paramilitaire Wagner, au Sahel.
Pour autant, les Etats-Unis et la France s’accordent à dire que Moscou n’est pas à l’origine de ce coup d’Etat que Sébastien Lecornu, ministre français des Armées, impute davantage à un différend entre le président Bazoum et le général Tchiani.
Le 3 décembre, à la suite de Bamako, Niamey et Ouagadougou ont officialisé leur retrait de la Force conjointe du G5 Sahel. Créé le 19 décembre 2014 dans le contexte de la lutte contre le djihadisme, le G5 Sahel est un cadre de coopération entre cinq pays de la bande sahélo-saharienne consacré aux questions de développement et de sécurité.
Le lendemain de ce retrait, une délégation emmenée par le vice-ministre russe de la Défense, Iounous-Bek Ievkourov, rencontrait le général Abdourahamane Tchiani dans la capitale nigérienne. Il s’agissait de signer des « documents dans le cadre du renforcement de la coopération militaire entre la République du Niger et la Fédération de Russie ».
Bien que la nature de ce renforcement de la coopération militaire n’ait pas été communiquée, Laurent Lagneau pour Opex suppose, en se référant aux accords passés par le Mali et le Burkina-Faso, que la coopération porte sur la livraison d’équipements militaires, voire le déploiement de paramilitaires.
2. L’Espagne a expulsé deux agents américains qui avaient infiltré ses services
de renseignements
Lors d’un contrôle, le Centre national de renseignement espagnol [CNI] s’est aperçu que deux de ses agents avaient accès à des informations qu'ils n’étaient pas censé connaître.
L’enquête du CNI a déterminé qu’ils avaient été recrutés par deux « agents américains affectés à l’ambassade des États-Unis » à Madrid et qu’ils remettaient à ces derniers des renseignements contre de l’argent.
Quand ces malversations ont été établies, les deux membres du CNI ont été arrêtés (bien que l’un d’eux ait été remis en liberté sous contrôle judiciaire) et les deux agents américains ont été « discrètement » expulsés d’Espagne.
Au même moment, la ministre espagnole de la Défense, a convoqué Julissa Reynoso, l’ambassadrice des États-Unis à Madrid en vue de lui demander des explications. De son côté, le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, en a fait de même pour lui faire part du « mécontentement » de son gouvernement.
Selon El Confidencial, la dernière affaire de ce type remonte à 2007 : un agent du CNI ayant été accusé d’avoir transmis des informations confidentielles à la Russie et avait été condamné à douze ans de prison, pour « crime de trahison ».
3. La Belgique rejoint le programme européen de Système de Combat Aérien du
Futur
La Belgique a annoncé avoir officiellement rejoint le programme européen de Système de Combat Aérien du Futur (FCAS), aux côtés de la France, de l'Allemagne et de l'Espagne. L'annonce a été faite par la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder.
Le SCAF est l'un des deux projets européens à envisager la conception d'une sixième génération d'avions de combat, aux côtés du Programme Global de Combat Aérien (GCAP) réunissant la Grande-Bretagne, l'Italie et le Japon. Tandis que la Belgique intégrait officiellement le FCAS, la Suède décidait quant à elle de quitter le programme GCAP. Ayant initialement obtenu le statut d'observateur, la Belgique devrait après une période probatoire finaliser sa participation au programme en juin prochain.
Cependant, s'il est certain que le FCAS profitera à l'avenir de l'industrie de l'armement aérospatial français via Dassault Aviations, allemand via Airbus, et espagnol via Indra, les apports de la contribution belge restent encore à déterminer.
Les deux projets européens sont de plus mis face au fait accompli avec l'expansion du programme américain F-35, dont la liste de participants ayant effectués une ou plusieurs commandes (Suisse, Belgique, Danemark, Finland, Pays-Bas, Royaume-Uni, Pologne, Norvège) ne cesse de s'allonger.
4. La Turquie ne votera l’adhésion de la Suède à l’Otan qu’à la condition d’obtenir
des F-16 Viper auprès des États-Unis
En juin 2022, Recep Tayyip Erdogan, avait promis qu’il lèverait son veto à l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan. Cette décision avait fait suite à un accord trouvé entre la Turquie et les deux pays nordiques dans le domaine de la lutte contre le Parti des travailleurs kurdes (PKK) et le Fetö ou Organisation Terroriste de Fettullah Gülen, deux organisations considérées comme terroristes par Ankara. Si Helsinki a pu devenir le 31e membre de l’Alliance, Stockholm reste toujours sur liste d'attente, après 17 mois de blocage de la part d'Ankara.
L'une des raisons de cette position diplomatique est de s'assurer la livraison de 40 F-16 Viper, accompagnée de 79 kits de modernisation pour les F-16 déjà exploités par les forces aériennes turques. Les F-16 Viper sont des avions de combat multirôle développés par General Dynamics pour les États-Unis dans les années 1970. Joe Biden avait en effet lié cette acquisition à l'adhésion de Stockholm à l’Otan. Pour autant, le Congrès américain reste frileux quant à cette vente potentielle et justifie sa position par l'attitude « belliqueuse » de la Turquie à l’égard de la Grèce ainsi que par ses opérations militaires contre les Kurdes syriens.
Le 8 décembre 2023, Erdogan avait d'ailleurs exprimé son mécontentement, aussi bien face à la position étasunienne que canadienne : « Le Canada ne fait que parler de la Suède à propos des caméras que nous voulons acheter pour nos drones. Les États-Unis disent la même chose. Vous dites que vous prendrez des mesures sur la question des F-16 après son adoption par le Congrès. […] Faites simultanément et de manière solidaire ce qui vous incombe et notre Parlement prendra la décision nécessaire ». Cela fait suite à la décision prise par Ottawa il y a déjà trois ans de suspendre l’exportation de caméras MX-15 vers la Turquie.
Armement
5. Défense : « des carnets de commandes pleins, mais des ventes d’armes qui
n’ont pas suivi en 2022 »
Le 4 décembre, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm a publié un rapport sur les ventes d’armement dans le monde. Alors que le Monde se tend et les pays se réarment, les ventes des 100 premiers fournisseurs d’armes mondiaux ont paradoxalement baissé de 3,5%, atteignant 549 milliards d’euros en 2022.
Les difficultés de production sont liées aux conséquences de la crise du covid-19. L’industrie a été déstabilisé par des problèmes de recrutement, l’inflation des coûts et le désordre des chaînes d’approvisionnement notamment en raison de pénuries de composants électroniques.
Les constructeurs américains ont été les plus impactés. Par exemple, Boeing a vu ses ventes chuter de 19%. Les Etats-Unis restent leaders et représentent 51% des ventes d’armes de la planète. L’Asie se développe en étant la deuxième région productrice, favorisée par l’émergence d’acteurs ambitieux comme la Corée du Sud. L’industrie européenne connaît les mêmes problèmes qu’outre-Atlantique, à l’exception de la Turquie qui alimente en drones le conflit ukrainien.
Cette baisse de 3,5% est une résultant de la crise du Covid-19, mais les carnets de commandes bien remplis devraient avoir inversés la tendance en 2023.
Technologie
6. La Corée du Sud déploie son premier satellite-espion avec SpaceX rocket
Vendredi 1er septembre 2023, 9 jours après l’envoi du premier satellite espion de Kim Jong-un, la Corée du Sud lançait en réaction son propre satellite espion. Entre violation de résolution des Nations Unies qui interdit d’utiliser des
technologies de missiles balistiques, condamnation japonaise et états-unienne, l’initiative de la Corée du Nord était loin de faire l’unanimité. Son but : renforcer sa capacité d’autodéfense. Après plusieurs échecs, la Corée du Nord avait enfin accompli ce défi technologique qui lui permettait de déclarer qu’elle disposait d'un visuel sur des sites majeurs aux Etats-Unis et en Corée du Sud.
Séoul, se sentant menacée a alors entrepris de collaborer avec SpaceX pour lancer depuis la Californie son propre satellite de reconnaissance militaire afin de surveiller les activités de la Corée du Nord, puissance nucléaire avec qui elle est officiellement toujours en guerre. De plus, la Corée du Sud a annoncé le 6 décembre qu’elle avait « partiellement suspendu » un accord signé en 2018 avec la Corée du Nord, visant à limiter les tensions le long de la zone démilitarisée.
D’autres acteurs semblent cependant impliqués dans le lancement du satellite espion nord-coréen. Si selon les analystes, Moscou n’a pu aider que très modérément Pyongyang, les sud-coréens dénoncent quant à eux une collaboration organisée.
Association Panthéon-Sorbonne Sécurité Défense (P1SD)
PANTHÉON-SORBONNE SÉCURITÉ-DÉFENSE
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
12 Place du Panthéon
75005 Paris
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