VEILLE N°48

Les titres de la presse 

22 janvier au 05 février 2024


Rédacteurs : Carla Crambert, Amzina Daoussa, Emilie Krezdorn, Josué Nuss-Schildknecht, Marin Sorasso-Bluem, Inès Le Riche, Sephora Zidoud
 


International


1. La Hongrie, un obstacle à l’adhésion de la Suède à l’Otan ?


    Envoyée le 18 mai 2022, à la suite du conflit entre la Russie et l’Ukraine, la candidature suédoise pour entrer dans l'OTAN a convaincu tous les pays membres à l’exception d’un seul. Après des négociations, le 23 janvier 2024, la Turquie qui semblait le frein majeur, a donné son feu vert. Or, si Viktor Orbán se dit favorable en principe à cette adhésion, sa majorité demeure réticente. 

    Stockholm espère s'assurer de la protection offerte par l'article 5 de l’Organisation qui affirme que chacun des États membres doit apporter une assistance aux pays attaqués, et se place d’ailleurs comme un partenaire premier de l'OTAN depuis les années 1990. De plus, intégrer la Suède à l'OTAN permettrait à l’alliance d’encercler véritablement la mer Baltique et donc d’isoler plus particulièrement la Russie. L’opposition du Parlement hongrois serait-elle alors justifiée par la proximité du pays avec Moscou ? Aurait-il peur que, trop acculé, la riposte de Poutine soit démesurée ? 

    Dans les médias, la Hongrie se plaint en réalité du manque de respect du candidat à l’OTAN qui se permet de régulièrement qualifier le régime d’Orbán de dérive autoritaire et de critiquer son organisation de manière prononcée. Il est aussi dit que mettre en suspens cette adhésion serait un bon moyen pour « faire chanter » l’UE. 

    Quoiqu’il en soit, le ministre suédois des affaires étrangères a décliné l’invitation de Budapest pour « négocier » sur ce sujet arguant qu’il ne pourrait y avoir que des « discussions » alors que l’OTAN encourage la ratification. 

    Cette question qui demeure en suspens trouvera sûrement sa réponse lors de la session parlementaire hongroise extraordinaire du 5 février, si les députés du parti au pouvoir daignent y assister. Dans le cas contraire, la Suède pourra encore attendre de nombreux mois.


2. Les F-35 de retour sur la table pour la Turquie


    La vice-secrétaire aux Affaires étrangères des Etats-Unis, Victoria Nuland, a affirmé lors d'une entrevue à CNN Türk que le projet de livraison de F-35 américains à la Turquie pourrait revenir dans les pourparlers. En effet, cette dernière a annoncé que si le gouvernement d'Erdoğan abandonne ses missiles de défense aérienne S-400 achetés aux Russes, les Etats-Unis seraient enclins à réintégrer la Turquie dans le programme de développement des F-35 dont elle avait été exclue depuis 2019, précisément à cause de l'achat de missiles d'autodéfenses à la Russie. 

    Ce communiqué intervient quelques jours après l'annonce par le Secrétariat aux Affaires étrangères américain d'un accord portant sur la livraison de 40 nouveaux F-16 et de la mise à niveau de 79 autres à la Turquie. Le montant de cette commande pourrait alors avoisiner les 23 milliards de dollars, mais reste en attente d'une confirmation par le Congrès dont beaucoup de membres redoutent l'accroissement des tensions entre la Turquie et la Grèce tout autant que les relations problématiques entre Erdoğan et les dirigeants russe et azerbaïdjanais. 

    La levée du veto turc à l'entrée de la Suède dans l'OTAN fin janvier 2024, et l'accord préalable entre les Etats-Unis et la Grèce pour une livraison de 40 F-35 visant à garantir la sécurité de l'Etat hellénique face à son voisin pourraient offrir de nouvelles opportunités de négociations entre Turcs et américains.


3. Renforcement du partenariat stratégique et de la coopération industrielle franco-indienne dans les secteurs de la défense, de l'aérospatiale et du nucléaire


    La visite officielle du président français, Emmanuel Macron, en Inde les 25 et 26 janvier dernier a été marquée par le renforcement du partenariat stratégique et de la coopération industrielle entre l'Inde et la France, notamment dans les domaines de la défense, de l'aérospatiale et du nucléaire. Emmanuel Macron, en tant que représentant de l'industrie de la défense et de l'aérospatiale française, a été le principal invité lors du grandiose défilé militaire marquant le 75e anniversaire du "Jour de la République" en Inde. Ce séjour s'inscrit dans la continuité du partenariat stratégique établi en 1998 entre les deux nations. 

    Pour l'Inde, la collaboration avec la France en tant que fournisseur de technologie nucléaire et principale source de systèmes d'armement garantit une protection contre les intérêts hégémoniques de la Chine et de la Russie. Pour la France, maintenir l'Inde en tant que garant de la sécurité de ses territoires d'outre-mer dans l'Indo-Pacifique est une priorité cruciale. 

    La délégation officielle comprenait également les ministres des Affaires étrangères, de la Culture et de la Défense, ainsi que des hauts fonctionnaires et des dirigeants de l'industrie aérospatiale et de la défense. Des entreprises telles qu'Airbus, Safran et CFM International étaient représentées, annonçant des initiatives importantes, dont la création d'une ligne d'assemblage d'hélicoptères en partenariat avec Tata. 

    Avec plus de 500 filiales françaises en Inde, la délégation a souligné l'importance de la croissance et de la sécurité dans la région de l'Indo-Pacifique. Des contrats significatifs ont été signés, notamment la vente de moteurs d'avion LEAP-1B à la compagnie aérienne indienne Akasa Air. Le secteur aérospatial voit un essor considérable avec la création d'une nouvelle ligne d'assemblage d'hélicoptères et des projets visant à doubler les achats économiques en Inde, selon Rémi Maillard, président d'Airbus India. 

    Le volet nucléaire comprend des engagements envers le projet de centrale nucléaire de Jaitapur, tandis que des négociations sont en cours pour l'acquisition potentielle de trois sous-marins Scorpène par l'Inde. Une collaboration significative dans le domaine spatial a également été soulignée lors des discussions entre le CNES et l'ISRO.



4. Yémen : les Etats-Unis annoncent avoir mené une série d’opérations militaires contre les houthistes

    Depuis quelques semaines, les Houthis qui sont, d’une part proche de l’Iran et d’autre part, contrôlent une grande partie du Yémen, ont attaqué à plusieurs reprises des navires marchands ou militaires en mer Rouge. Ils ont confirmé récemment avoir visé un bâtiment américain, le USS Gravely

    L’armée américaine a déclaré ce mercredi 31 janvier, avoir mené une série d’opérations militaires contre les rebelles Houthis au Yémen, comprenant la destruction d’une dizaine de drones d’attaque, de missiles ainsi qu’un poste de commandement des rebelles en raison de la menace sur la navigation en mer rouge que ces rebelles représentent.

    L’armée américaine a abattu dans un premier temps un missile lancé par les rebelles houthistes, puis trois drones iraniens, et enfin dix drones d’attaque et un poste de commandement houthi, qui selon le Commandement militaire américain au Moyen-Orient, constituaient une menace imminente pour les navires de marchandises et militaires américains qui se trouvaient dans la région. 

    Selon le ministère de la défense américain, depuis le 19 novembre, les Houthis ont mené plus de 35 attaques contre des navires en mer Rouge, ainsi que dans le golfe d’Aden. Ils disent viser des navires liés à Israël en solidarité avec les Palestiniens. Les États-Unis ont mis en place une coalition maritime internationale dans le but de conserver la sécurité du commerce international dans cette zone.

5. Les exportations américaines d’armes ont atteint le niveau record de 238 milliards de dollars en 2023
 

    D’après une étude publiée en mars 2023 par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), les ventes d’équipements militaires américains ont représenté 40% des exportations mondiales de 2018 à 2022, ce qui fait d’eux le premier exportateur d’armes. Leur leadership se confirme pour l’année 2023 dans la mesure où le montant total des ventes d’armes américaines a atteint le niveau record de 238 milliards de dollars soit une hausse de 16% par rapport à 2022. 

    Ces performances s’expliquent par un contexte de sécurité internationale sous tension, ce qui a conduit à l’augmentation des ventes bilatérales, c’est-à-dire de gouvernement à gouvernement, via la procédure Foreign Military Sales (FMS). Le FMS est un programme facilitant les ventes américaines d’armes, d’équipements de défense et de services d’entraînement militaire à des gouvernements étrangers. Les acheteurs ne contractent donc pas directement avec l’industrie de l’armement, mais par l’intermédiaire de la Defense Security Cooperation Agency (DSCA). Entre 1950 et 2021, les ventes militaires à l’étranger ont représenté 943,3 milliards de dollars, dont les trois principaux acheteurs sont l’Arabie Saoudite pour 174,431 milliards de dollars, puis Israël et le Japon pour respectivement 49,131 et 48,937 milliards de dollars. 

    En 2023, les ventes conclues dans le cadre du FMS ont atteint près de 81 milliards de dollars, soit une progression de 55,9% par rapport à 2022. La Pologne représente à elle seule plus du tiers de ce montant, avec entre autres les commandes d’hélicoptères d’attaque AH-64E Apache et des systèmes d’artillerie M142 HIMARS. L’Allemagne arrive en seconde position, puis la Corée du Sud, l’Australie et enfin le Canada. 

    L’année 2024 pourrait même établir de nouveaux records puisque depuis janvier, la Defense Security Cooperation Agency, chargée d’instruire les demandes faites dans le cadre des FMS, a recommandé au Congrès d’accepter sept ventes potentielles pour une valeur totale estimée à plus de 32,7 milliards de dollars.

 

Armement

 

6. La Marine nationale renforce ses capacités de défense aérienne en mer Rouge avec la FREMM DA "Alsace"

    Depuis la nuit du 11 au 12 janvier 2024, les forces américaines et britanniques mènent des raids aériens contre les infrastructures des rebelles Houthis en mer Rouge afin de protéger les navires commerciaux. Dans ce même cadre, les États-Unis ont lancé en décembre dernier l’opération « Gardien de la Prospérité » avec une dizaine d’autre pays pour assurer la sécurité du trafic maritime en mer Rouge. La France et l’Italie n’en font pas partie, comme l'a rappelé Emmanuel Macron, qui cherche à éviter toute escalade du conflit avec les rebelles. 

    Cependant, l’Union Européenne s'apprête à lancer une nouvelle opération navale « ASPIS » dont la France sera probablement un membre actif. En outre, cette dernière pourra compter sur la frégate multimissions à capacité de défense aérienne renforcée (FREMM DA) appelée « Alsace », nouvellement arrivée en Mer Rouge. 

    Le renforcement de la défense aérienne française est d'autant plus visible que l'Alsace est dotée de nombreux missiles et radars. Ce déploiement contribue à la surveillance des attaques contre les navires commerciaux selon l’État-Major des Armées. 

    L’Alsace rejoint alors la FREMM « Languedoc » qui effectuait déjà des patrouilles en mer Rouge et qui en mènera une dans le golf d’Aden où la piraterie maritime s’amplifie. La Marine nationale possède un troisième Bâtiment ravitailleur des forces nommé « Jacques Chevallier » déployé dans la zone, pouvant venir en appui aux autres bâtiments.

 

7. MBDA DragonFire : premier tir réussi d'un laser à haute puissance contre une cible aérienne

    En décembre 2023, en Mer Rouge, la frégate multi-missions (FREMM) Languedoc a abattu des drones houthis avec des missiles Aster-15. La différence de coût de production entre les drones armés et les missiles illustre les changements apportés aujourd'hui par les drones sur les champs de bataille, capables d'être massés et même parfois de remporter la décision face à des armements plus lourds, comme les drones armés azerbaïdjanais face à l'armée arménienne au Haut-Karabagh en 2020. C'est à ce titre que les États et les industriels de l'armement tentent de trouver des parades. Justement, les armes à énergie dirigée en cours de développement incluent par exemple les armes dites laser, projetant un faisceau capable de détruire les drones faiblement protégés, voire des missiles adverses, pour un coût d'utilisation bien inférieur à celui d'un autre armement. Les programmes laser incluent aujourd'hui le Helma-P des Français de CILAS, l'Iron Beam des Israéliens de Rafael Advanced Defense Systems ou encore les programmes des États-Unis comme le Directed Energy Maneuver-Short Range Air Defense (DE M-SHORAD) terrestre ou le High Energy Laser with Integrated Optical-Dazzler and Surveillance (HELIOS) naval. Le 19 janvier 2024, les britanniques ne sont pas en reste avec l'essai du système DragonFire, développé par MBDA UK, Leonardo UK, QinetiQ et l'agence de recherche Defence Science and Technology Laboratory (DSTL) : l'arme laser a ainsi réussi à abattre plusieurs drones. La course au développement et à la production à grande échelle des armes laser continue donc.

 

Cybersécurité

 

8. La France dénonce une campagne de désinformation orchestrée par la Russie

    Le 31 janvier 2024, le Ministère des Armées a publié une déclaration condamnant une manœuvre de désinformation russe, soulignant la diffusion de fausses informations sur la présence de mercenaires français en Ukraine. Cet article expose les développements de cette situation préoccupante et les réponses de la France face à ces tentatives de manipulation de l'information. 

    Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, exprime son indignation face à une campagne russe de désinformation ubuesque. La France est la cible d'une série de fausses informations depuis le début du conflit en Ukraine, intensifiée après la réaffirmation du soutien de la France à l'Ukraine par le Président Macron le 16 janvier. Le ministère de la Défense russe prétendait avoir frappé un immeuble à Kharkiv, abritant des mercenaires français, dès le lendemain de cette déclaration. 

    Le 22 janvier, des listes de prétendus mercenaires français tués à Kharkiv sont diffusées sur des chaînes Telegram russes. Ces fausses listes, déjà publiées en 2022, sont suivies par l'annonce non confirmée de la destruction d'un système sol-air franco-italien SAMP-T par Sputnik International. Les services compétents de l’État français ont identifié la coordination de cette manœuvre par les réseaux pro-russes et les médias d'État. 

    Sébastien Lecornu réaffirme que la France n'emploie pas de mercenaires et condamne cette manœuvre d'intoxication russe. Face à l'intensification de l'aide militaire française à l'Ukraine, la France renforce son dispositif de suivi pour contrer ces manipulations de l'information. Cette déclaration souligne la détermination de la France à contrer les campagnes de désinformation russe et à maintenir la clarté sur ses actions en Ukraine.


 


Association Panthéon-Sorbonne Sécurité Défense (P1SD)

PANTHÉON-SORBONNE SÉCURITÉ-DÉFENSE

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

12 Place du Panthéon

75005 Paris

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